Bonjour,
confronté à une limitation sur les installations photovoltaïques dans ma commune, je souhaitais vous donner mon point de vue sur l’obligation actuelle dans ma commune qui impose une intégration en toiture des installations dans une large majorité des cas et qui, de mon point de vue, pénaliserai l’adoption de cette énergie si cette clause était maintenu dans le futur PLUi (hors périmètre de bâtiments historiques).

Pour rappel, dans la lutte contre le réchauffement climatique et la réduction de l’envolé des prix de l’électricité, les objectifs annoncés par le gouvernement visent à installer près de 40 GW de capacité de production photovoltaïque d’ici 2030 (et 100 GW d’ici 2050). Pour cela, il est primordial de pouvoir faciliter l’installation de ces systèmes sur les toitures résidentielles.

Si les dispositions du PLU prennent bien en compte les énergies renouvelables (notamment à Bois le Roi en ce qui me concerne), il existe une limitation importante pour la quasi-totalité des zones de la commune, à savoir une obligation d’intégration en toiture des installations photovoltaïques dès que la toiture concernée est visible depuis la rue.

Cette intégration est aujourd’hui considérée comme un frein important à l’installation de nouveau systèmes solaires pour les raisons suivantes :

– Sécurité : Lorsqu’ils sont intégrés en toiture, les panneaux photovoltaïques fonctionnent à des températures proches de 80°C, près de leur limite de fonctionnement théoriques (85°C). Ces températures sont nettement plus élevées que si l’installation avec été réalisée en surimposition (50 – 60°C). Ces températures élevées vont favoriser la dégradation des panneaux (prévues pour durer initialement 25 ans) et augmenter la probabilité d’incident liée à un défaut électrique voir le risque d’incendie sur le long terme (les modules sont bien plus proches de la charpente que dans une installation classique ou les tuiles les séparent, des cas d’incendie liés à des défauts de connexion au niveau des boites de jonctions ou des connecteurs ont déjà été signalés – https://www.securiteincendie.fr/conseil/panneaux-photovoltaiques-peuvent-presenter-risque-dincendie/ )

– Production électrique : Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, un panneau photovoltaïque génère plus d’électricité lorsqu’il est froid. Une augmentation de 10°C de sa température entraine une baisse de production électrique comprise entre 3 et 4% relatif. L’intégration en toiture limite donc la production électrique de 6 à 10% par rapport à une installation surimposée (http://www.photovoltaique.guidenr.fr/cours-photovoltaique-autonome-1/effet-temperature-cellule-photovoltaique.php ).

– Coût de l’installation : dans le cadre d’une l’installation sur un bâtiment existant, l’intégration en toiture nécessite le démontage des tuiles déjà présentes et des travaux supplémentaires pour assurer l’étanchéité du toit ce qui augmente le coût de l’installation de 30 à 40% (https://www.guide-toiture.com/prix-couverture-toiture/toiture-photovoltaique/) rendant l’installation peu voir non rentable.

– Étanchéité : Le fait de supprimer les tuiles et de toucher donc à l’étanchéité de la toiture augmente les risques de problème d’étanchéité suite à l’installation

– Remplacement des modules défectueux : En cas de défauts (casse par exemple), les modules intégrés en toiture sont plus difficiles et plus chers à remplacer que les modules en surimposition.

Si l’intégration en toiture est privilégiée, c’est essentiellement lié à l’aspect esthétique de la toiture qui est effectivement un peu meilleure. Toutefois, l’écart d’esthétisme entre une installation surimposée et intégré est maintenant devenu faible pour plusieurs raisons :

– Le dépassement des modules par rapport à la hauteur des tuiles de la toiture dans le cas d’une installation surimposé s’est réduit, notamment en raison de la diminution d’épaisseur des cadres des modules (passé de 5 à 3 cm).

– Des produits photovoltaïques actuels existent pour limiter l’impact visuel avec un rendu noir homogène (utilisation d’un film arrière noir, limitation de l’espace entre les cellules).

Des produits photovoltaïques spécifique pour l’intégration en toiture et surtout économiquement intéressants pourraient apparaitre dans les prochaines années (tuiles solaires, modules colorés notamment). A ce jour, ils ne sont pas encore disponibles industriellement, ne sont pas rentables et n’ont pas démontré leur fiabilité à moyen terme (ex: les tuiles photovoltaïques développées par l’entreprise TESLA et présentés en 2016 n’ont pas pu être installés avant 2019 majoritairement pour cette raison).

Notons que l’objectif n’est pas de mettre des installations surimposées partout, mais que cela devienne la majorité des cas lorsque les zones concernés ne sont pas dans le périmètre de bâtiments classés.

Merci de m’avoir lu

Cordialement

Dupuis